Révélée au grand public pour avoir habillé Audrey Tautou lors du Festival de Cannes 2013, la créatrice Yiqing Yin vient encore de nous émerveiller avec sa collection Haute-Couture de l’Automne/Hiver 2016. Un défilé de dentelles (Sophie Hallette, bien sûr), interprétées de manière tantôt fraîche et aérienne, tantôt sombre et urbaine…
Votre définition de la dentelle dans l’allure d’aujourd’hui ?
La dentelle a une dimension intemporelle. Délicate, elle joue avec les sens, avec la peau qu’elle dévoile avec une pudeur érotique. De jour comme de soir, elle apporte une touche d’irrésistible sensualité et de séduction, voire de provocation à l’allure de la femme.
Pouvez-vous nous parler du cheminement de votre création par rapport à la dentelle ?
Je pars toujours de la rencontre avec la matière. Une dentelle, dans sa composition, son toucher, peut inspirer une histoire. Pour cette collection, j’ai eu un choc visuel en trouvant des dentelles au design « délié » et déstructuré, abstraites, d’une grande finesse, comme une seconde peau mi-humaine mi-reptilienne. J’ai alors construit une histoire sensorielle sur le phénomène de la mue à partir des dentelles et de graphismes de peaux de serpent. Les dentelles choisies ont été rebrodées par dessus des mues véritables, la fusion des deux corps graphique a également inspiré un imprimé, une broderie au crochet et un design d’organza dévoré.
Votre plus beau souvenir de dentelle…
Les dentelles nacrées de la robe Shalimar portée par Natalia [Vodianova, héroïne de la publicité pour le parfum de Guerlain]. Découpées puis recomposées de façon minérale, elles semblaient vivantes, arrosées d’eau, d’or et de lumières, elles poussaient sur sa peau, devant le Taj Mahal.